CANAL de NANTES à BREST





Journal de bord

"Des préparatifs jusqu'à la nuit"



Départ vendredi 24 juin 2011 des Giraudières vers 15h00, petit crochet par le Pallet pour récupérer sans doute une polaire chez Francis puis cap sur Brest. Le point de départ sera finalement Port Launay ou comment, d'un coup de baguette magique, se rajouter un dizaine de kilomètres supplémentaires !

Nous y arrivons vers 18h00 par un temps agréable et tous les bagages sont rapidement déchargés pour permettre à Patrice et Christophe de filer vers GUIPAVA afin de déposer le véhicule de location.

Pour nous autres restés sur place cela nous laisse 1h30 pour préparer le départ et peaufiner les derniers détails. Une longue attente mise à profit pour s'habiller, s'alimenter et évoquer toutes les questions qui taraudent nos esprits, modifier son vélo ou pas, garder son meilleur cuissard pour la fin ou pas, manger salé ou sucré, tandem ou pas ? En tout cas cela ne nous empêche pas de boire une bonne bière pour célébrer l'évènement.










Malgré la pression qui monte, une grande sérénité se dégage du groupe. La décision de participer à cette aventure a été prise depuis longtemps et tout le monde sait qu'il va participer à quelque chose de fort. Nul absurdité dans ce défit qui reste personnel mais transcendé par le groupe.

Mais Patrice et Christophe reviennent, il est 19h30, le temps pour eux de se préparer, pour nous de vérifier avec Eric les points de ravitaillements et le départ peut être donné, enfin.





20h00 c'est la libération pour Christophe, Francis, Patrice, Bruno, franck, Laurent, Stéphane et moi, direction Chateauneuf du Faou. Premier tour de roue et premier arrêt pour le tandem qui vient de perdre la moitié du contenu de ses paniers en passant un trottoir !! Evidement ils se font amicalement traiter de touristes. Pour moi également, surprise, la fourche est complètement dégonflée, il n'y a rien à faire, je continue jusqu'au ravitaillement, la position très en avant n'est pas très confortable, peu importe.

Chacun profite de l'euphorie du départ et découvre cet environnement qui sera le notre pendant 24h , le chemin de halage, les premières écluses, les bornes de granit.







21h48 nous rallions Chateauneuf du Faou, Eric nous attend patiemment, il a eut le temps de déguster une bonne pizza sur le port. Je regonfle ma fourche, ça a l'air de tenir, je suis sauvé. Un petit sandwich et ce sera le moment de préparer nos éclairages car le ciel s'est couvert et la nuit tombe vite. Malgré le vent frais, nous avons chaud en roulant et nous transpirons abondamment. Attention au rhume !!




Prochaine étape: Port de Carhaix
Du crépuscule à l'aube,



A peine dans le bain du canal que déjà, il faut se préparer à plonger progressivement vers la nuit noire et profonde. Cette étape vers Port-de-Carhaix est simple et relativement courte, elle fera un bon rodage. Nous restons bien groupé car avec la nuit, notre champ visuel se limite aux halos blafards de nos frontales et s'orienter peut s'avérer délicat.








Nous en ferons les frais à l'approche de Port-de-Carhaix où nous perdons le fil du canal, par chance c'est le Fest-Noz au village et il y a foule pour nous remettre sur le bon chemin.


Franck doit s'arrêter pour une ultime pose mécanique et réparer une crevaison récalcitrante, Bruno et Christophe en profite pour recaler la distribution du tandem.








Avec l'absence de repère visuel, la nuit peut sembler longue alors chacun s'organise. Le tandem a choisi de s'isoler dans une bulle musicale. Le MP3 vissé sur les oreilles, nos deux compères filent à vive allure, Christophe se sent même pousser des ailes !!












Arrivée à Port-de-Carhaix vers minuit, l'ambiance est joyeuse, tout va bien, le stress s'est miraculeusement dissipé.








Même Christophe se fait chambré sur la taille de son corsaire !!!!









Mais l'heure tourne et nos devons partir pour Gouarec. Nous empreintons la partie du canal la plus pentue et nous ne verrons hélas rien des successions d'écluses aux abords de Créharer, 15 en 4 km, si ce n'est quelques ombres fantomatiques.


Peu après Gouarec, nous atteignons l'écluse 138, lieu ou nous quitterons le canal pour contourner le lac de Guerledan. Eric a dressé le camp à l'abbaye de Bon Repos, c'est de circonstance. Le balai des faisceaux lumineux est toujours un spectacle féerique, c'est la magie de la nuit.









Nous avons déjà parcourus prêt de 120 km en 5h et à partir de ce moment précis, chacun comprend qu'il va falloir gérer les efforts, économiser les organismes. Bref, le bras de fer contre la fatigue vient de commencer. Dans cette lutte les stratégies divergent. On pourra noter la méthode très "pro" de Coug' et Laurent ( Coug' très perfectionniste, a même déposé délicatement ces chaussures à côté de lui). Francis à choisi d'affronter les odeurs pour être à l'abri du vent.









4h00 du matin, nous repartons ensemble pour franchir l'obstacle que représente le barrage de Guerlédan, sans difficulté.


De retour sur le canal, l'objectif est désormais de rallier Pontivy. Nous guettons tous les premières lueurs, signe de délivrance. Mais le ciel est gris, il fait légèrement frais, nous sommes tous un peu comme Franck " la tête dans le sac", alors une priorité il faut RECUPERER!







Journal de bord

Tenir coûte que coûte
La pause à Pontivy a duré une bonne heure de 6h00 à 7h00. Fût elle réparatrice ? Je n'en sais rien, les visages sont un peu fermés, peu de mots sont échangés. Comment retrouver un peu de fraîcheur ? Peut être tout simplement comme Christophe et Bruno en allant prendre une douche dans les sanitaires du camping voisin !

Pour l'instant le ciel est gris et le vent est très frais, il faut repartir.

Heureusement, entre Pontivy et Rohan, le canal nous offre certainement son plus beau visage. Les écluses s'enchaînent en cascade dans un alignement spectaculaire. Nous croisons quelques

hérons cendrés, cette quiètude est très apaisante, le moral revient.






Eric ayant un peu de temps devant lui profite également du canal, il croisera notre route à Gueltas puis à Rohan.





L'arrivée à Josselin au pied du château est majestueuse, cette étape aura été superbe. Pour le ravitaillement Eric est allé nous chercher du pain frais et des rillettes. Quel plaisir !!









Il est 10h00, la mi-parcours est largement franchie, il faut tenir maintenant. Le canal se fait plus rectiligne, la végétation est moins dense et le soleil est plus agressif. Francis a instauré une courte pause entre les pauses... je ne suis pas contre. Que de difficultés pour rejoindre St Martin sur Oust, cela semblait interminable. Eric n'est pas là, il a été ralenti du côté de Redon. Dès qu'il nous rejoint on refait le plein d'eau et c'est reparti vers Redon. Le tracé devient plus flou, nous obligeant à prendre la route, quelques hésitations et nous retrouvons le canal pour rentrer dans Redon. Les sites deviennent plus familiers, nous ne sommes plus qu'à quelques km de la Loire Atlantique, nouvel arrêt.






Le chemin s'éloigne un peu du canal, pour la première fois cela s'apparente à du vrai VTT et ça monte. Devant moi le tandem résiste à la remontée du Coug' qui finit par passer. Je me porte à la hauteur du Coug' qui accélère, personne ne lâche et nous voilà parti dans un sprint insensé. Franck nous rejoint comme un dératé puis Laurent, 35 km/h et ça monte toujours. Finalement nous lâchons, Laurent et Coug' partent devant, ils sont trop forts, Stéphane, Franck et moi fileront sur Guerouet. Une fois arrivé, mauvaise nouvelle, Eric n'est pas là mais au prochain pont à Melneuf. C'est dans combien de km ? Pas de réponse, le moral en prend un coup. Nous repartons en scrutant chaque sortie de virage pour voir si un pont apparaît... Cela devient un calvaire et finalement le pont apparaît après 4 km, soulagement. En arrivant je me laisse tomber au sol, c'est dur. C'est un chemin de croix également pour le tandem qui arrive très éprouvé. Cet ultime arrêt au bord du canal dit nous permettre de rassembler nos forces pour finir car à 50km du but, il n'est plus question d'abandonner.
Une nouvelle fois la prenve est faite que le mental est capital et dès que l'esprit est débarrassé des multiples petites sollicitations que génèrent les douleurs physiques, la mécanique humaine redevient très efficace.




Pour le final nous roulons ensemble, chacun se soutenant. A chaque franchissement de route, le chemin s'élève de quelques mètres, ça casse le rythme et c'est éprouvant. Tout devient difficile et c'est avec délivrance que se profile la dernière écluse. Il est 20h00 nous sommes venus à bout du canal après 24h et 354 km Bravo à tous et encore un grand merci à Eric sans qui rien n'aurait été possible.
L'évènement sera fêté comme il se doit avec une bonne bouteille, il restera gravé à jamais dans nos mémoires et je pense qu'il alimentera pendant longtemps nos discussions de fin de soirée.









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